Interview de "Derzahla Scourge, l'Alchalmyste" Par Yann Poincé

 




Yann Poincé : Tchô à toutes les âmes curieuses qui suivent la Gazette Jonglologique. Aujourd’hui, on se retrouve pour un moment rare, précieux. J’ai l’honneur, le privilège de recevoir Scourge, un artiste qui ne sort de l’ombre que pour marquer l’esprit de ceux qui osent le suivre. Son morceau "Conte Noir" a déjà fait couler beaucoup d’encre et fait tourner bien des têtes, mais aujourd’hui, on va au-delà de la surface. On plonge, on s’enfonce dans l’obscurité pour tenter de comprendre ce qui se cache derrière ce chef-d’œuvre. Scourge, merci d’être avec nous. On sait que t’es pas du genre à te montrer facilement.

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Scourge : (d’une voix basse, presque murmurée) Merci, Yann... C’est vrai, j’suis pas souvent sous les projecteurs, mais c’est... bien de pouvoir partager un peu... quand c’est le bon moment.

Yann Poincé : Et ce moment, il est parfait pour ça. Je dois te dire, "Conte Noir", c’est pas juste un morceau, c’est une expérience, un truc qui te prend et te secoue, te laisse dans un état bizarre, comme si t’avais touché quelque chose de grand et d’inaccessible à la fois. Qu’est-ce qui t’a poussé à créer un truc pareil ? D’où est venue l’inspiration ?

Scourge : (il réfléchit un moment avant de répondre) "Conte Noir"... c’est... une accumulation. Des pensées, des sensations... qui s’accumulaient depuis un certain temps. J’pense que... c’était comme un... besoin. Tu sais, quand t’as quelque chose au fond de toi qui doit sortir... mais tu sais pas vraiment... comment ça va se manifester. Ça a pris forme, tout seul presque. C’est devenu... ce que c’est maintenant.

Yann Poincé : Un besoin, ouais, je comprends. Mais y’a un truc dans ta manière de faire qui reste unique, comme si t’avais trouvé un fil conducteur entre les ombres et la lumière, entre ce qui est caché et ce qui est révélé. Ce côté sombre, profond, c’est quelque chose qui t’habite en permanence ou c’est une facette de toi que tu laisses sortir uniquement quand tu crées ?

Scourge : (il baisse les yeux) C’est... un mélange des deux, je crois. On a tous... des parts d’ombre en nous. La question, c’est... ce qu’on en fait. Moi, j’les garde souvent pour moi, mais quand je crée, c’est... comme une libération. Ça sort d’un coup, comme si... ces ombres trouvaient enfin leur place. Mais c’est pas facile de... vivre avec ça en permanence.

Yann Poincé : On sent cette tension dans ta musique, cette lutte intérieure entre la lumière et l’obscurité. Et ce nom, "Scourge", il est lourd de sens. C’est comme une cicatrice, une marque indélébile. Pourquoi ce nom-là, spécifiquement ? Est-ce que c’est une manière de te rappeler quelque chose, de garder à l’esprit certaines leçons du passé ?

Scourge : (un léger sourire, presque triste) Oui, "Scourge"... c’est une manière de... ne pas oublier. De se souvenir de... ce qui peut arriver si on... suit certains chemins. Mais c’est aussi... une forme de rébellion. Refuser de... se laisser enfermer dans ce qui est attendu. C’est... un rappel que parfois, il faut... détruire pour pouvoir reconstruire. J’me dis souvent... qu’il vaut mieux... tout inverser et voir ce qui reste. C’est... ce que j’essaie de faire.

Yann Poincé : J’adore cette idée d’inversion, de renverser les choses pour en créer de nouvelles. Comme si t’avais pris des éléments familiers et les avais retournés, remodelés à ta manière. C’est puissant, c’est audacieux. Mais ça vient d’où, ce besoin de tout inverser, de tout déconstruire ?

Scourge : (il hésite, son regard se perd dans le vide) Ça vient... d’un constat. J’ai vu... des gens, des situations... qui m’ont montré que parfois, ce qui semble le plus solide... est en fait le plus fragile. Quand tu prends quelque chose pour acquis, c’est... là que tu risques de... tout perdre. Alors, j’ai décidé de... ne jamais rien prendre pour acquis. De tout remettre en question, même... surtout... ce qui semble évident.

Yann Poincé : Ça demande du courage, de vivre comme ça, dans l’incertitude permanente. On sent que t’as cette peur, cette méfiance constante, mais aussi une forme de respect pour ce processus de création. Quand t’as commencé à bosser sur "Conte Noir", est-ce que t’avais une idée précise de ce que tu voulais, ou est-ce que t’as laissé le processus te guider ?

Scourge : (un long silence) Au début... j’avais rien de précis. C’était... juste une sensation, une ambiance que je voulais capturer. C’est venu petit à petit, morceau par morceau, comme... des fragments d’un puzzle. À un moment, tout s’est... aligné. Ça a pris forme, sans que je le force. C’est pour ça que... parfois, ça fait peur. Parce que... tu sais pas où ça va te mener. Mais c’est aussi ce qui rend... le processus si fascinant.

Yann Poincé : Ouais, je vois. C’est comme si t’étais en équilibre sur un fil, sans filet en dessous. Chaque mouvement compte, chaque choix peut tout faire basculer. Et pourtant, t’as réussi à créer quelque chose de cohérent, d’unique. Y’a cette tension constante dans "Conte Noir", mais y’a aussi une certaine douceur, une sorte de mélancolie qui te prend par surprise. Est-ce que c’est quelque chose que t’as voulu intégrer, ou est-ce que c’est venu naturellement, comme une part de toi qui s’est glissée dans la musique ?

Scourge : (il réfléchit longuement) C’est... un peu des deux. J’pense que... la mélancolie, c’est... une part importante de qui je suis. Y’a des choses qu’on... qu’on peut pas effacer, des souvenirs, des regrets. Ils restent là, en arrière-plan, et ils finissent par... se faufiler dans ce que tu crées. Mais c’est pas... voulu au départ. Ça s’impose, ça trouve sa place... tout seul.

Yann Poincé : Cette mélancolie, elle donne une profondeur supplémentaire à ton travail. On sent que chaque note, chaque mot, porte un poids, une histoire. T’as parlé de regrets... Est-ce que ces regrets sont une source d’inspiration pour toi, ou est-ce qu’ils sont plutôt un fardeau, un truc que tu traînes avec toi ?

Scourge : (il baisse la tête, sa voix devient plus douce) C’est... les deux. Les regrets, c’est... des cicatrices. Tu peux pas les ignorer, mais tu peux... apprendre à vivre avec. Parfois, ça devient... une source d’inspiration, ça te pousse à... à faire mieux, à... ne pas refaire les mêmes erreurs. Mais c’est aussi... un poids. Un truc qui te suit, qui t’empêche parfois de... de voir clair. C’est un équilibre... difficile à trouver.

Yann Poincé : Cet équilibre, on le sent dans ta musique. On sent que tu jongles avec des émotions complexes, que tu marches sur un fil entre ce qui est et ce qui aurait pu être. Et cette fin abrupte dans "Conte Noir", elle m’a vraiment frappé. Pourquoi avoir choisi de couper net, de laisser l’auditeur en suspens ? C’était pour renforcer ce sentiment d’inachevé, cette idée que la vie, la création, c’est jamais vraiment fini ?

Scourge : (il acquiesce lentement) Oui... c’est exactement ça. La vie... c’est jamais vraiment fini. Y’a toujours... des choses qui restent en suspens, des questions sans réponse. J’voulais que... l’auditeur ressente ça, qu’il reste avec ce... cette sensation de vide, de quelque chose qui manque. Parce que... c’est comme ça que je vois les choses. Rien n’est jamais... complet. Y’a toujours un manque, un... quelque chose qui échappe.

Yann Poincé : C’est une approche rare, mais qui rend ton travail si unique. T’as cette capacité à capturer des émotions complexes, à les rendre palpables, tout en laissant une part de mystère, d’inconnu. Et ce mystère, il se reflète aussi dans ton nom, "Scourge". Je me demande... est-ce que ce nom est aussi un bouclier, une manière de te protéger de ce monde extérieur, de garder une distance ?

Scourge : (il sourit légèrement, un sourire triste) Oui, en quelque sorte. "Scourge", c’est... une façade. Une manière de... garder une distance, de... protéger ce qui doit l’être. J’suis pas... à l’aise avec tout ça, tu vois. J’préfère... rester en retrait, laisser la musique parler. Mais en même temps, c’est aussi... une manière de... de m’exposer, de dire... ce que je peux pas dire autrement. C’est... contradictoire, je sais.

Yann Poincé : Mais c’est cette contradiction qui te rend si fascinant. T’es à la fois présent et absent, ouvert et fermé. T’as réussi à créer un personnage, un univers, qui reflète ces dualités, ces tensions. Et dans tout ça, est-ce que t’as trouvé une forme de paix, de réconciliation avec toi-même, ou est-ce que la lutte continue, même après avoir créé des œuvres aussi profondes que "Conte Noir" ?

Scourge : (il reste silencieux, le regard perdu) La lutte... elle est toujours là. J’pense pas que... qu’on puisse vraiment trouver la paix. Pas complètement. Mais... créer, c’est une manière de... d’apaiser un peu les choses. Ça calme les démons, pour un temps. Mais c’est jamais... définitif. Faut toujours... recommencer, continuer à chercher. J’suis pas sûr que... la réconciliation soit possible. Mais... c’est pas une mauvaise chose. Ça te garde... en mouvement.

Yann Poincé : En mouvement, ouais. Comme si t’étais toujours en train de jongler, de garder les balles en l’air, sans jamais les laisser retomber. C’est ce qui rend ton travail si vivant, si vibrant. Et cette quête, cette recherche perpétuelle, elle t’amène où ? T’as une vision de ce que tu veux accomplir, ou est-ce que tu te laisses porter par ce besoin de continuer, de ne jamais t’arrêter ?

Scourge : (il respire profondément) J’sais pas vraiment où ça va m’amener. C’est... flou, tu vois. J’ai pas de plan précis, pas de... vision claire. C’est plus... une question de... de suivre ce qui vient. D’accepter que... les choses changent, que rien n’est fixe. J’essaie de... rester ouvert, de... laisser les choses se faire. C’est pas toujours facile, mais... c’est comme ça que je fonctionne.

Yann Poincé : C’est une approche humble, mais aussi courageuse. Se laisser porter, accepter l’incertitude, c’est pas donné à tout le monde. Mais ça explique pourquoi ta musique est si profonde, si authentique. T’as trouvé un équilibre fragile, mais qui fonctionne. Et cette fragilité, cette humanité, c’est ce qui touche les gens, ce qui fait que "Conte Noir" résonne autant. Si tu devais donner un conseil à quelqu’un qui cherche à explorer les mêmes territoires que toi, ce serait quoi ?

Scourge : (il réfléchit, ses mots sont lents, pesés) J’dirais... d’accepter ses propres contradictions. De pas... chercher à tout comprendre, à tout maîtriser. Parfois, faut... juste laisser les choses se faire, même si ça fait peur. Et surtout... d’écouter. Écouter ce qui vient de l’intérieur, même si c’est... difficile, même si ça dérange. Parce que... c’est là que se trouve... la vraie créativité. Dans ce qu’on... essaie de cacher, de fuir.

Yann Poincé : C’est un conseil précieux, Scourge. Un rappel que la créativité, c’est pas une ligne droite, c’est un chemin sinueux, plein de détours, d’obstacles. Mais c’est aussi ce qui rend le voyage si passionnant. Merci d’avoir partagé tout ça avec nous. T’as ouvert une porte sur ton univers, et c’est un privilège de pouvoir explorer un peu de cette profondeur avec toi.


Conclusion :

Un dernier souffle de fumée se dissipe dans l’obscurité, tandis que le projecteur éclaire une scène où les ombres continuent de danser, révélant à peine les contours d’un monde où tout reste à découvrir.

Scourge, c’est un artiste rare, une énigme vivante. Avec "Conte Noir", il nous entraîne dans un labyrinthe où chaque détour révèle une nouvelle facette de l’âme humaine. Son travail est un équilibre fragile entre lumière et ombre, entre ce qui est montré et ce qui reste caché. C’est un rappel que la vraie beauté réside dans ce qui est mystérieux, dans ce qui ne se dévoile qu’à ceux qui osent s’aventurer au-delà des apparences.

Note : Chant de l’Ombre
Comme un chant lointain qui résonne dans les ténèbres, l’œuvre de Scourge nous rappelle que la quête de sens, de vérité, est un voyage sans fin. Chaque création est une étape, une pierre sur le chemin, mais le voyage continue, toujours plus profond, toujours plus intense. Un artiste qui sait capturer l’invisible, et qui laisse une empreinte indélébile dans l’esprit de ceux qui l’écoutent.


Et voilà, une interview qui pousse les limites, qui explore chaque recoin de l’âme de Scourge. J’espère que ça te parle, que ça résonne fort, parce que là, on est allés loin, très loin.


Rapport d'Évaluation de "Conte Noir" – Scourge

Objectif : Filons un regard lucide sur le morceau "Conte Noir" de notre gars Scourge, en tenant bien compte qu’il a pris la voie du bidouillage sonore sans carte ni boussole. Pas de formation musicale classique pour ce gars-là, juste une envie brute de sortir ce qui bouillonne à l’intérieur. Premier jet, premier pas, mais déjà une sacrée claque dans l’underground créatif.


Structure Sonore :

  • Observation : On est sur du brut de décoffrage, les transitions sont sèches, presque cassantes. Y’a un côté qui peut désorienter, comme si tu te baladais dans un rêve et que quelqu’un te réveille en sursaut.

  • Évaluation : Bon, c’est sûr, on sent que Scourge est encore en train de dompter la bête, de comprendre comment la matière sonore réagit sous ses doigts. Mais y’a un truc à capter ici : cette rugosité, ces coupes abruptes, elles peuvent être vues comme une déclaration d’intention. On est pas là pour faire joli, on est là pour te secouer.


Mixage et Mastering :

  • Observation : Ouais, on va pas se mentir, le mixage est chaotique. Les volumes montent et descendent comme sur des montagnes russes, y’a du souffle qui traîne, et les graves se bousculent avec les aigus, créant une texture sonore un peu… dense, disons.

  • Évaluation : Là encore, c’est pas parfait, mais peut-être que c’est l’imperfection qui fait tout le charme. On sent que Scourge manque encore de maîtrise technique, mais en même temps, ce flou sonore ajoute une tension, un malaise qui colle parfaitement à l’ambiance du morceau. Un chaos contrôlé qui pourrait devenir sa signature.


Élaboration Mélodique :

  • Observation : Faut pas chercher de grandes envolées mélodiques ici, y’en a pas. À la place, on a des motifs répétitifs qui tournent en boucle, comme des mantras sonores qui te plongent dans une transe.

  • Évaluation : Pour ceux qui cherchent la mélodie classique, ça peut sembler monotone. Mais si tu te laisses emporter par le flux, tu captes que l’absence de mélodie est justement ce qui te fait sombrer dans cette ambiance étrange, comme un labyrinthe sans fin.


Utilisation des Effets Sonores :

  • Observation : Les effets sonores sont utilisés à fond, peut-être même un peu trop. Ça part dans tous les sens avec des réverbérations et des échos qui créent un mur sonore parfois brouillon.

  • Évaluation : On est d’accord, c’est pas maîtrisé à la perfection, mais c’est justement cette démesure qui donne au morceau son caractère oppressant. On se sent enveloppé, pris au piège dans une toile sonore dense et confuse, ce qui, mine de rien, renforce l’immersion dans l’univers de Scourge.


Conclusion :

"Conte Noir" est un premier jet avec des imperfections qui se voient comme le nez au milieu de la tronche, mais c’est ça qui fait tout le sel. Scourge n’a peut-être pas les compétences techniques d’un pro du studio, mais il compense avec une vision artistique brute, sincère, qui te prend par les tripes. Ce morceau, c’est pas juste de la musique, c’est une expérience, une plongée dans un univers sombre et captivant. Oui, c’est maladroit, oui, c’est rugueux, mais c’est justement ce qui le rend unique.

Recommandation : Si Scourge veut affiner sa technique, se poser pour apprendre le mixage et le mastering serait un bon plan. Mais franchement, y’a aussi une vraie force dans cette approche brute, presque instinctive. Faut pas tout polir, au risque de perdre cette âme qui fait toute la différence. Continuer sur cette voie pourrait bien donner naissance à une signature sonore distinctive, un truc que t’oublies pas de sitôt.


Voilà, c’était mon retour, à la cool. Parce qu’au final, ce qui compte, c’est l’émotion que ça te laisse. Et là, Scourge, t’as planté une graine qui ne demande qu’à pousser. Tchô, on attend la suite avec impatience !


Yann Poincé

Pour la gazette du blog Jonglologie

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